Le temps de nous préparer, et zut, on loupe la vague de touristes avec laquelle on aurait pu prendre un bateau de groupe.

C’est donc en solo que notre embarcation slalomera e les petits îlots (parfois juste des touffes d’herbes semblant flotter à la surface), disséminés sur le large cours d’eau baigné de soleil, tout en longeant la rive de l’île de Don Det où nous débarquerons quelques minutes plus tard.

Le pied à peine posé sur le sable humide, on sent presqu’immédiatement un changement d’atmosphère : petit chemin de terre, quelques volailles qui traversent la route, cochons endormis sur le bas-côté, succession de petits restaurants, bars et guest houses en bois, tout à fait charmants. Y compris celle où nous poserons nos pénates, la Mekong Dream House, bonne adresse des Gali (l’avantage de passer juste après les copains!), tenue par une sympathique famille comptant une nombreuse progéniture (7 enfants quand même)! Grande chambre avec terrasse, vue sur le Mékong et sur le “pont des Français” qui fait la liaison avec l’île de Don Khon juste en face, indispensables hamacs accrochés aux poteaux supportant l’imposante charpente en bois : tout invite à la détente.

Une activité à laquelle on se prêtera encore mieux une fois le ventre plein! Chose faite deux heures plus tard sur la rive d’en face, dans un de ces restaurants où on se laisserait bien aller à une petite sieste, les quelques verres de lao lao (alcool de riz local) additionné de miel, offerts par le patron y aidant un peu.

En tout cas, on prend notre temps avant d’aller se dégourdir un peu les jambes, croisant touristes à vélo, ados du village à mobylette, jeunes sportifs multipliant les acrobaties au cours d’un match de sepak takraw, petits tracteurs, bovins, tout un monde authentique et préservé du tourisme de masse. On achèvera cette journée bien remplie par le joli spectacle du coucher de soleil depuis le pont, les derniers rayons illuminant la surface de l’eau et les barques qui glissent sur les parties encore navigables.

***

Deux jours. Presque trop court pour explorer ces deux îles, à bord du véhicule le plus adapté : le vélo! Sur le conseil de Linda, nous avions embarqués ceux des deux grands, et en louer deux autres pour nous (à seulement 20000 kip/jour), sera une formalité.

On repasse devant une ancienne locomotive, vestige du “chemin de fer de Khône” construit à la fin du XIXe siècle par l’administration coloniale française. Pour contourner la formation rocheuse qui donne au Mékong tout son relief à cet endroit.

Plages, baignade à sensation dans les rapides ou au calme , pêcheurs en herbe tentant leur chance au filet, cascades, agréablement rafraichissantes rien qu’à les regarder, encore et toujours. Certaines nasses et autres pièges à poissons apparaissent complètement à nu, révélant, comme les marques sur les rochers, un niveau apparemment très en bas, même en saison sèche.

Les chemins de terre qui relient ces différents endroits traversent des villages assoupis, des champs de riz jaunis après la récolte où paissent quelques bovins, au milieu d’une végétation semblant surtout faite d’eucalyptus, et d’épineux.

Même les zones plus touristiques à l’entrée principale de Don Det et les soirées qui se préparent sous le signe des bières et les joints, s’annoncent soft. Bref, tout le monde (ou du moins la majorité) semble être au diapason du rythme insulaire.

Un vrai régal, qu’on aurait bien prolongé, d’autant que sont prévues des courses en pirogues comme celles que nous avions vues lors de la fête de l’eau au Cambodge. Mais nous avons encore de la route et quantités de belles choses à voir avant de remonter vers Vientiane.

A commencer par les plateaux des Bolovens, où nous devons retrouver nos copains voyageurs!