Notre driver et guide Nairan est à l’heure le lendemain, et pour ce deuxième tour guidé après celui du Pakistan, on a droit à un vrai véhicule 4*4, aussi plus confortable.
Après un passage par Sarangkot d’où partent les parapentes, avec une vue imprenable sur la ville et le lac, on prend le large, pour avancer tant que la route est bonne, même si certaines parties sont bien abîmées de cassis qui font souffrir les amortisseurs.
Après 100 kilomètres, et un arrêt déjeuner à un prix exorbitant, nous arrivons aux environs de Beni, qui marque le début de la route off-road. Les choses sérieuses commencent : plus de bitume, le tout à seulement 1000 m d’altitude, donc encore à travers la jungle chaude et humide. Ornières énormes, traces de glissements de terrains tout frais, cars de voyageurs en vrac, pick-up embourbés, camions patinant dans la boue ou tout simplement plantés au bord de la route, bien souvent tout juste assez large pour le passage de deux petits véhicules, quand ce n’est pas pour un seul. Pas mécontents d’avoir laissé Arty, qui avec ses 13 tonnes et ses « petites » roues, n’aurait sans doute pas franchi le premier bourbier…Et ce même si, avec ce rythme de touriste plus classique, on se prive de passer plus de temps au contact de ces routiers, villageois, écoliers, paysans de tout âge revenant des champs les nasses suspendus à leur tête, chargées d’un poids dont on ne supporterait pas le dixième, et dont cette terrible est le quotidien. Route où l’eau est omniprésente, entre torrents, cascades, ruissellements, et où les tentatives humaines de consolidation et de réfection semblent bien dérisoires, face à l’implacable loi de la gravité et l’érosion. Avec le 4*4 et Nairan, très prudent, ça passe pour nous, même si on a l’impression que quelque chose casse à chaque coup fond d’une ornière ou pierre traîtresse. Enfin nous atteignons Tatopani, qui semble se trouver dans la partie la plus humide de la vallée, en début de soirée. La bonne surprise ce sont les sources chaudes qui sont à 100 m de l’hôtel. Hop, juste le temps de poser nos affaires à l’hôtel et de prendre de quoi se baigner, nous voilà dans l’eau à plus de 45 °C du bassin principal, avec quelques locaux et touristes. Avec 30°C en température ambiante, il n’y a pas le charme des volutes de vapeur d’eau, mais ça ne nous empêche pas de profiter du moment, avant le retour à l’hôtel pour un (cher) dîner et un repos bien mérité !***
Retour sur la piste à 06h le lendemain, pour parcourir les 60 kms qui nous séparent de Jomsom. Très similaire à ce qu’on a vécu le veille sur la première moitié, avant que l’air ne devienne plus sec, frais et que les paysages ne changent, la jungle touffue faisant place à une végétation de climat plus tempéré : praires, sapins, roches blanches.
Et l’état de la route, moins attaquée par l’érosion s’en ressent, même si on continue d’être bien secoués : sections plus sèches, plus larges ou en cours d’élargissement, qui nous conduisent jusqu’à Jomsom et son aérodrome entouré de montagnes. C’est là que nous déciderons de faire une petite marche en famille jusqu’au Dhumba Lake, histoire de se dégourdir les jambes, à défaut de faire un vrai trek. Le paysage est magnifique, on croirait crapahuter dans un village de Provence, à ceci près que les montagnes sont celles de la mythique chaîne des Annapurnas, et que les quelques sommets que la danse des nuages laisse rarement apparaître portent les noms de Dhaulagiri I, ou II ou III, Nairan ne saura pas vraiment nous le confirmer… L’étendue d’eau douce turquoise étincelante sous le soleil sera notre récompense après 3 petits kilomètres. Nairan vient nous y récupérer pour qu’on gagne du temps, car une notre destination finale, Muktinath à 3800 m d’altitude, est encore à 1h de route. C’était sans compter sur une crevaison ajouté à un souci de direction qui nous bloqueront deux bonnes heures avant de redémarrer pour découvrir une belle route au bitume impeccable, serpentant en lacets dans des paysages de montagnes et du large lit de la rivière Kali Gandaki, très proches de ceux qu’on avait vus sur la Karakoram Highway au Pakistan. On a ressorti avec plaisir les coupes vents et gilets, mais il est un peu tard, et après cette longue journée bien remplie, nous posons nos sacs à l’hôtel, à l’exception de Loïc trouvera la motivation pour pousser 2 kms plus loin jusqu’aux temples de Muktinath, où de nombreux pèlerins bouddhistes et hindouistes viennent se recueillir toute l’année.***
Nos espoirs de voir un magnifique lever de soleil sur les sommets dans un ciel parfaitement dégagé seront douchés dès les premières lueurs du jour : bruine et nuages enveloppent tout, et la vue est complètement bouchée. Pas de balade matinale, mais quand même, au tour de Maëlia et moi d’aller jusqu’au temple, à travers le village très boueux, et où quelques touristes bien équipés vont et viennent, à pied ou dans des jeeps. On ne peut qu’imaginer ce qu’était encore ce village himalayen il y a encore quelques années, avant que le chemin de trek ne devienne route, et que les petites habitations ne se transforment en restaurants et guest houses pour accueillir un flux de touristes grandissant. Il nous faudrait pousser jusqu’au Haut-Mustang, région frontalière avec la Chine qui échappe encore à cette course au développement, accessible au bout de treks magnifiques et au prix de permis coûteux. Un rêve, mais qu’on ne réalisera pas sur ce voyage, peut-être une autre fois, qui sait…
Après une petite ascension entre chemins et marches, nous voilà devant la belle statue de bouddha assis, en pierre noire, qui domine majestueusement la vallée, et d’où l’on aperçoit de belles éclaircies entre les nuages. Quelques dizaines de mètres plus haut, c’est sous les dizaines de milliers de drapeaux de prières colorés qui décorent les flancs de la montagne que nous irons prendre la pose, avant de redescendre retrouver le reste de la troupe. Le village de Kagbeni est accessible après une marche sur un sentier malheureusement boueux, on ne se lancera donc pas sur cette voie, et on se contentera de le photographier depuis la route.Il est déjà temps de prendre chemin du retour : Jomson (après un arrêt sur le lit de la rivière Kali Gandaki, à la recherche de pierres sacrées noires et rondes), puis Tatopani pour une nouvelle nuit.
On retrouve les mêmes passages compliqués, voire pire qu’à aller, après les pluies des derniers jours. Enfin on atteint Pokhara sans casse en début d’après-midi, et après un au revoir à Nairan, on finit sur une touche gourmande qui fera bien plaisir à tout le monde (surtout aux enfants qui n’ont pas démérité sur cette route fatigante), avec un bon repas dans une crêperie (après 4 jours à manger du fried rice, ça fait du bien !).Dernière petite balade sur les bords du lac, un coup d’œil en arrière, et là dans un ciel parfaitement dégagé…on aura la meilleure vue du séjour sur certains pics de l’Annapurna, dépassant des collines. Bon forcément, un peu dommage de ne pas avoir eu ce spectacle au bout de notre expédition, mais on n’est pas près d’oublier cette route incroyable !
Bye-bye Pokhara, cap maintenant sur Chitwan et la session animalière promise aux enfants.
Ping : 30/07 au 02/08/19 – De Lumbini à Pokhara : vert au pluriel – Les Pourquoi Pas