Première étape : Nasirabad, à 640 kms, où nous attendent Mercy, Michael et leur bébé Michelle (Mitchou Kouti pour les intimes), petite famille très sympa rencontrée lors de notre petite balade à Vashist. Les deux sont originaires du Sud de l’Inde, mais mobilité géographique oblige dans l’armée, Michael a été muté au Rajasthan.
Finies les routes en lacets et un peu chaotiques, place à la platitude de la highway, qui va de la une fois deux voies toute simple avec presqu’autant de deux roues (y compris vélos) que de camions, aux belles sections de deux fois deux voies avec terre-plein central. Les péages (nombreux et pas donnés) font à nouveau leur apparition, tout comme les rizières, inondées et parsemées de dos courbés, en pleine activité de repiquage du riz. Les routes ont beau s’être élargies, modernisées, et les smartphones et portables ont beau être dans quasiment toutes les proches, certaines traditions rurales semblent aussi immuables que les vaches sacrées : en bordure de route, sur le terre-plein central, ou traversant la chaussée, elles sont là, obligeant à faire des écarts à la dernière minute !
Finis les turbans ajustés des sikhs, place à ceux à multi-étages, typiques du Rajasthan, et aux voiles colorés, longs et chatoyants des femmes, parfois rabattus sur le visage.
Un tiers du chemin parcouru, le GPS nous fait sortir des grands axes. On en profite pour ralentir et essayer de trouver un endroit calme pour se poser, tout un défi en Inde. Un attroupement se forme immédiatement quand on s’arrête pour faire de petites courses dans le village de Danimirdad, qui ne doit pas voir passer beaucoup des touristes, et encore moins des familles métissées dans un gros camion ! Personne ne semble bien parler anglais…ah si, l’ancien instituteur du village, Zile, se fait connaître, et nous invite presque tout de suite chez lui, à 50 m. Et voilà, bivouac tout trouvé ! Entre la famille très élargie, les voisins qui défilent pour voir l’attraction de la soirée, la visite de la propriété, le coucou aux buffles, les invitations à manger, à boire, à prendre une douche, faire notre lessive, ou se prendre en selfies, on ne sait plus où donner de la tête ! On se retrouve vite attablés devant un repas entièrement végétarien : roti (pain plat) maison, gombos et riz au bon lait frais de buffle. On se régale de tous ces plats simples en discutant un long moment avec la cadette de la famille jeune maman venue en « guest » voir ses parents et se reposer de sa vie de femme au foyer organisant la vie dans sa belle-famille. Sujets de prédilection : notre voyage, et les différences culturelles évidemment : mariages arrangés (la norme dans ces contrées rurales) vs mariages d’amour, système scolaire, études,… L’heure du coucher pour tout le monde finit par arriver, et pour nous, ce sera…nuit à la belle étoile sur les paillasses installées dans la cour, bercés par le vrombissement du rafraîchisseur d’air (qui n’empêchera pas quelques piqûres de moustiques !).
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Le réveil par les premières lueurs du soleil puis par les voix de la maisonnée dès 06h sera un peu difficile, et progressif. Nous revoyons tout le monde à la lumière du jour, et passerons encore une demi-journée avec nos hôtes, entre le petit-déjeuner, la session d’école dans le salon à l’abri des regards (mais quand même un peu interrompue par les voisins et proches curieux de nous (re)-voir), et le déjeuner.
Dernières photos de familles, un grand « Dhanyawad » à tout le monde pour ces jolis moments de partage, et nous revoilà sur la route, à traverser d’autres villages, avant de rejoindre la route principale. Le paysage change, et les rizières verdoyantes font progressivement place au sable ocre et aux épineux du désert, et c’est dans ce décor, au détour d’une piste off-road un peu sablonneuse, que nous trouverons sans doute notre spot le plus « wild camping » en Inde. Trop d’épines pour sortir les vélos, mais un grand espace pour que les enfants puissent se défouler, et pas de moustiques, ce sera donc dîner dehors ! Royal !
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Craquements de branches et voix lointaines au petit matin : des vaches et des chameaux, accompagnés de leurs bergers sont venus nous tenir compagnie, plutôt pas mal comme réveil. On prend le temps d’en profiter un peu avant de reprendre la route, toujours aussi bonne, et bien meilleure que dans les souvenirs de Loïc datant de 15 ans.
A l’approche de notre destination, on ne peut pas manquer la longue section bordée sans discontinuer de découpe, d’importateurs et de revendeurs de marbre, qui continue à être très utilisé dans la région. Puis ce sera l’arrivée à Nasirabad, véritable ville caserne, où l’on croise des militaires en jeep, camion, à pied ou en scooter à tous les coins de rues. Nous tâtonnons un peu (avec un demi-tour pas du tout discret dans une petite rue du village) avant de trouver l’église et l’école catholiques à Bhawani Kera, indiqués par Michael qui viendra nous récupérer quelques minutes plus tard, toujours aussi souriant. Mercy et surtout l’adorable Mitchou Kouti ont veillé pour nous accueillir, et profiter de nous pendant cette soirée très sympa. Pas mécontents de se poser après ces 3 journées à enchainer les kilomètres : bonnes douches, bon repas, et une assez bonne nuit, malgré le ventilateur out après une coupure d’électricité !
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Nous passerons 3 journées très calmes, à vivre au rythme de Mercy et Mitchou Kouti, le Captain Michael étant plus occupé plus prévu. Bien prise par le bébé et les tâches ménagères de jeune maman, Mercy trouvera quand même le temps d’être aux petits soins, et de nous cuisiner plein de petits plats, à tous les repas ! Un peu de répit pour Michael sur la fin du week-end, nous pourrons donc aller visiter tous ensemble (et à un véhicule) la ville d’Ajmer, à 40 kms. L’après-midi est déjà bien avancée, on fait l’impasse sur la mosquée qui semble valoir le coup d’œil, et pour se contenter de la vue sur le lac de la ville et un parc où les enfants pourront s’amuser.
Dernière journée passée tous ensemble à la maison, et il est déjà temps pour nous de leur dire au revoir et de retrouver Arty, toujours garé à 5 kms. Mais bien sûr, keep in touch ! Après un tel accueil, pour une fois, on aura un peu plus que des photos à laisser en modeste souvenir de notre passage : du beurre de karité, produit rare et pas donné en Inde, que Mercy est ravie de pouvoir rajouter comme ingrédient à ses huiles de massage pour bébé.
Allez, on revient un peu sur notre chemin, direction Jaipur, la ville rose !
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