Terrain vague glauque et sale, pluie et humidité : un tableau fidèle en somme à ce qu’on peut s’attendre à trouver dans une ville frontière. Session de rattrapage scolaire, nouvelle journée sous le camion pour Loïc pour le nettoyage d’une autre vanne du circuit d’air fuyarde, et, enfin, rencontre avec Irina et sa chienne Greta qui composeront la deuxième partie de notre convoi… Puis ce sera le change de devises, l’achat d’une carte SIM, et le passage chez le coiffeur (mais toujours pas chez le barbier) pour Loïc. Nous voilà prêts ! De l’autre côté de la frontière, Zawmin, de Myanmar Senses Family et notre guide sont aussi au rendez-vous pour cette dernière soirée avant de démarrer la traversée.
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Nous serons une nouvelle fois quasiment les premiers, dès 07h, à rejoindre l’enceinte du tout nouveau poste de frontière intégré de Moreh. Limite extrême de l’Inde et poste frontière le plus reculé de notre parcours : tout un symbole!
Les formalités ne sont pas encore terminées côté indien que déjà Zawmin et Kyaw, notre guide, arrivent, vêtus de la tenue traditionnelle masculine du Myanmar, le longyi. Encore une petite demi-heure à remplir des formulaires vérifiés et revérifiés par l’officier un peu trop zélé, et ça y est, qui nous quittons le Manipur et l’Inde, pour de bon cette fois !
Derrière la voiture blanche de Zaw, Kyaw (pas très rassuré par les aboiements de Greta) embarque à bord de la Hyundai d’Irina, et nous suivons avec Arty, sur la portion du No Man’s Land avant d’arriver sur la « India-Myanmar friendship road », dont les tôles sont aussi bruyantes que celles des derniers ponts indiens. Nouvelle langue, nouvelle alphabet, retour de la conduite à droite (ça faisait un moment) : Mynamar, here we come ! Près de 27000 kms et douzième pays pour nous, petits joueurs à côté d’Irina et Greta : parties depuis 2 ans de Russie, plus de 100 000 kms au compteur avec une traversée épique de l’Afrique, dont le Gabon!
Un peu moins d’une heure plus tard, nos visas apposés sur les passeports et notre (très chère) autorisation temporaire de circuler bien en vue sur le pare-brise, nous prenons le temps de la traditionnelle photo « starting » devant le bureau de l’immigration de Tamu. Puis c’est parti pour une première journée qui donne le ton de cette traversée de 1700 kms sur 10 jours, avec guide, étapes et nuits obligatoires dans des hôtels pour la coquette somme de 1500 USD : pas moins de 250 kms pour atteindre Gangaw ! Nous longeons ensuite la frontière indienne jusqu’à Khampat, où nous ferons un petit arrêt à Khal pour retirer des kyats, et faire le plein (tiens, premier pays, y compris les européens, où nous voyons des femmes aux manettes des stations-service). Enfin, notre convoi se met en branle pour de bon, avec notre Arty qui suit plutôt bien à l’arrière, sur une bande de bitume inégale et pas toujours très large, mais au final d’assez bonne qualité. Entre rizières aux pousses hautes, franchissement de petits cours d’eau sur des ponts toujours aussi bruyants et villages ombragés où les habitants sortent de la messe, nous sommes déjà sous le charme de ce pays. Beaucoup des visages de tous âges sous des chapeaux traditionnels, se tournent sur notre passage, souvent recouverts de thanaka, préparation cosmétique traditionnelle produits à partir du bois de plusieurs arbres, à la fois soin de beauté et protection contre le soleil. On est surpris de voir que le longyi, dans des tons plutôt sobres, est très présent parmi la gent féminine tout comme la masculine. Le tabac chiqué et les dentitions abîmées qui vont avec seront le quasiment le seul signe qui nous rappelle que nous sommes encore tout proches de l’Inde… Première pause déjeuner, offert par l’agence dans un restaurant local : explosion d’odeurs alléchantes et de saveurs délicieuses, pas de doute, nous sommes bien entrés en Asie du Sud-Est ! On se régale tous ensemble, avant de reprendre la route, sans Zawmin qui doit prendre son avion à Kalaymyo pour rentrer sur Rangoon.Nous poursuivons dans la plaine, avec en toile de fond les collines recouvertes d’une belle végétation dense, dans cette partie du pays très rurale et peu visitée gage d’une certaine authenticité. En plus des arrêts photos, nous ferons une petite pause dans une plantation de fruits du dragon, avant que les petits ennuis ne commencent…pas pour nous cette fois, mais pour Irina, qui a une fuite dans son système de refroidissement. Système D, on s’arrête tous les 10 kms pour qu’elle puisse remplir son réservoir ; à cette allure, pas de soucis, Arty peut suivre !
On improvise une pause dîner, bonne idée de Kyaw car nous n’arriverons à l’hôtel Gangaw que vers 22h. Finalement, pas mécontents, après cette longue journée, de ne pas dormir dans le camion, de pouvoir prendre une bonne douche et de passer une bonne nuit au frais ! ***Le petit déjeuner copieux le lendemain sur la terrasse roof top de l’hôtel ne sera pas de refus, avant de retrouver Irina et Kyaw qui se sont levés aux aurores pour gérer le problème mécanique.
C’est reparti, encore une belle étape de 200 kms en partie dans les collines, avant d’arriver à Monywa, située sur les rives de la rivière Chidwin (que nous n’aurons pas le temps de voir). Cette fois, la différence de vitesse moyenne se fait sentir, et encore plus quand nous arrivons dans la ville, avec les feux tricolores et les câbles un peu bas. Un peu à la traîne donc (on s’est permis un petit arrêt dans un marché pour acheter des chapeaux traditionnels promis aux enfants), mais ouf, on arrive juste au bon moment pour admirer le coucher du soleil sur les statues dorées dominant la ville, dont celle du Bodhi Tataung Laykyun Setkar, deuxième plus grand Bouddha debout au monde (116 mètres). On devra se contenter de l’admirer de l’extérieur, l’accès aux niveaux aménagés à l’intérieur (émaillés de représentations de l’enseignement bouddhiste) étant fermé. Nous prendrons le temps de profiter de la vue, des dernières lueurs du jour et de l’espace pour que les enfants puissent se défouler un peu, avant que les moustiques voraces ne viennent rompre le charme et nous rappelant en même temps qu’il est temps de retrouver notre hôtel ! ***Deuxième et dernière partie de la visite à Monywa : les paisibles monastères et pagodes dont celle, très belle, de Thanboddhay, avec 500 000 bouddha miniatures décorant l’intérieur, et plusieurs centaines de flèches dorées réparties sur sa splendide toiture rouge et or.
Après cette mise en bouche, nous quittons la ville, direction Bagan et ses quelque 2000 temples et stuppa, vieux de 10 siècles pour les plus anciennes !
Ping : 19/08 au 24/08/19 – Meghalaya à Manipur, far far East – Les Pourquoi Pas
Magnifique Mariam de vous suivre…
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Merci Fabrice! Le Myanmar semble déjà loin, nous avons été en Thaïlande et maintenant au Cambodge. Mais bon, les récits en décalé ont aussi leur charme. J’espère que tout roule pour toi, et que le soleil des photos des articles aident à oublier un peu la grisaille😉. À bientôt
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