Nous voici aux abords de l’une de la région réputée comme la plus humide du monde (du moins avant le réchauffement climatique). Mais pas de brouillard dense pour ni de chaussée glissante pour l’instant, et toujours un bitume impeccable en montant vers Shilong. On serait bien tenté de profiter de l’heure tardive pour traverser la ville et éviter les bouchons, mais justement, il est tard, et donc grand temps de s’arrêter après cette longue journée incluant un changement de pneu !
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Vision très paisible le lendemain, les eaux turquoises du lac Umiam sous un soleil rayonnant, avec ses îlots donnent envie d’y plonger directement. Mais pas le temps de visiter, cap directement sur Cherrapunji et ses ponts de lianes !
Dans une circulation bien sûr plus encombrée qu’à notre arrivée la veille, nous mettrons une bonne heure avant de sortir des bouchons et de la ville, pour nous retrouver encore plus en altitude, sur une route bordée de conifères, comme sous un micro climat tempéré.
Puis ce se sera un plateau avec herbe plus rase, cours d’eau ocres (très proche de La Lopé au Gabon), jolis petits villages construits autour des nombreuses églises (héritage de la forte présence de missionnaires chrétiens dans ces contrées reculées), et faciès plus proches de ceux qu’on s’attend à trouver dans l’Himalaya : on a l’impression d’avoir une nouvelle fois quitté l’Inde…C’est après la bifurcation vers Sohra et Cherrapunji que nous pourrons admirer les montagnes verdoyantes, leurs lointaines cascades, et les fameux nuages dansants, juste avant une vue parfaitement dégagée sur les plaines très irriguées du Bangladesh voisin.
Nous avançons à une allure très lente sur la petite route abîmée et en lacets qui s’enfonce dans les East Khasi Hills, et ce n’est qu’en milieu d’après-midi que nous atteindrons le petit village de Tyrna, point de départ vers notre destination finale. Le temps de s’équiper un peu, nous voilà partis pour une petite excursion au cœur de la jungle luxuriante, traversant des villages du bout du monde, uniquement accessibles par une série interminable de marches. Partie facile pour le début, 600 marches en descente (même si le dénivelé fait mal aux genoux, surtout pour Loïc qui porte Ntyalé sur son dos), pour atteindre le premier pont, le « simple deck ». Enjambant un petit torrent et éclairé par les derniers rayons du soleil qui parviennent à traverser la végétation dense, cette création de l’homme et de la nature en parfaite symbiose, tout en courbures, lianes et racines aériennes, est magnifique. Nous prenons quelques minutes pour immortaliser ces moments, jolie récompense après cette première partie de notre petite expédition. Il fait encore assez jour pour tenter de rejoindre un autre pont et s’offrir un spectacle de beauté en double, deux kilomètres et quelque 2000 marches plus loin. On se motive, les enfants suivent, on presse le pas, traversant d’autres ponts, plus modernes, au-dessus de superbes torrents, et croisant quelques habitants et aussi des touristes sur le retour, à bout de souffle.Enfin, nous atteignons notre objectif : le « double deck bridge », surplombant une jolie cascade qui se jette dans un bassin aménagé, où les enfants ne se feront pas prier pour piquer une petite tête malgré la pénombre. Bon, nous étions partis avec l’idée de rentrer au camion le soir-même, mais la perspective de traîner les enfants sur 3000 marches, quasiment en permanence en ascension raide, et dans la nuit, nous fait beaucoup moins rêver…On improvise donc une nuit dans le petit lodge tout simple à deux pas, heureusement ouvert, et où nous partagerons un dîner (plus que bienvenu après avoir sauté le déjeuner) avec une sympathique famille indienne.
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Aux premières loges le lendemain pour revoir ce décor paradisiaque à la lumière du jour, profiter d’une nouvelle baignade pour les enfants, d’un soin des pieds impeccable grâce aux petits poissons qui viennent picorer nos peaux mortes, et bien sûr se rattraper en photos souvenirs.
Une poignée de touristes, quelques villageois qui raclent le sable au fond du bassin et le transportent sur leur dos (pour eux, ce décor quotidien loin de tout et dans doute loin d’être aussi idyllique qu’on l’imagine)…on s’y attarderait bien quelques heures de plus ! Mais avec les 3000 marches à remonter et les 600 kms qui nous attendent jusqu’à la frontière birmane, il faut déjà se remettre en route. C’est reparti donc pour une ascension bien raide, Loïc trace, même avec Ntyalé sur le dos, et on suit plutôt bien. Quelques pauses pour admirer quelques beaux spécimens d’insectes, pas mal de sueur bien sûr, et finalement, on retrouve Tyran et Arty moins de 2 heures plus tard. Jolie performance pour les mwanas ! Le temps de déjeuner, on échange avec quelques locaux, dont un très rare indien voyageant dans un véhicule aménagé qui nous confirmera que le route vers Imphal via Silchar se tente. Bonne nouvelle, ça nous évitera de remonter quasiment jusqu’à Guhawati et Dimapur. Il faut quand même repasser par le même chemin et Shillong : cette fois en partie à travers un beau brouillard, digne de ce qu’on s’attendait à voir dans le coin. ***Une toute dernière ligne pas si droite, et presque une épopée pour nos 4 derniers jours en Inde…
Nous quitterons le Meghalaya pour traverser à nouveau l’état de l’Assam, dans sa partie plus vallonnée et pour laquelle des alertes mousson et voies endommagées étaient encore émises quelques semaines plus tôt. Sur cette route qui longe à nouveau la frontière avec le Bangladesh, nous avons le sentiment, encore plus que dans l’état précédent de traverser dans l’une des régions les plus pauvres du pays : nombre de camions très lents, chargés (souvent aussi en panne), quelques minibus et 4*4 transportant des voyageurs, mais quasiment pas de deux-roues, un signe qui ne trompe pas sur le niveau de vie…
Puis ce sera à nouveau la plaine, et la traversée nocturne et très chaotique de Silchar, normalement interdite aux Poids Lourds jusqu’au petit matin (mais avec du culot et du forcing avec la « traffic police », ça passera) : pas un mètre carré sans un nid-de-poule et pas que des petits ! Rien de visiblement cassé pour Arty, on peut donc continuer, toujours sur des routes en lacets interminables, encadrées d’une jungle bien épaisse : celles du Manipur, où le camion TATA (devant nous, derrière nous, ou couché sur le flanc), reste roi. On ne coupera à deux longs arrêts pour cause de ponts en réparation, ponts à une voie (en tôles bien bruyantes), et glissement de terrain (avec au passage la vision furtive et terrible de deux camions emportés avec une partie de la route et reposant 200 mètres plus bas, fracassés). Allez, on fait appel au mental pour se rapprocher au maximum d’Imphal et rattraper le retard. Mission accomplie, quelques check points et 90 kms plus loin, de nuit, on s’arrête enfin pour, à 35 kms de la ville.***
Enfin un peu de plaine, mais ce sera un répit de courte durée, car il nous faut déjà reprendre la route vers Moreh, histoire d’avoir un jour de battement avant le passage de frontière. Aïe, ça commence à monter, sûr qu’on ne tiendra pas avec notre niveau de carburant proche de la réserve (plus de roupies, impossible de faire le plein en USD ou de payer par carte). Ouf, dépannés par un véhicule de chantier qui acceptera nos dollars, nous progressons lentement sur cette route pas trop catastrophique mais en travaux, et serons finalement rattrapés par la nuit et un sacré brouillard, mais on tient le bon bout.
Enfin, après un énième check point, nous voici à Moreh, dans les starting-blocks pour notre rendez-vous avec le Myanmar !
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