11/05 au 16/05/19 – Côté pakistanais  

Hamid est à l’heure le lendemain, départ de Zahedan à 07h, un peu dur vu notre coucher tardif de la veille. On teste pour la première fois le trajet dans la cellule pendant que Loïc est au volant pour éviter de bousculer les enfants. Pas mal, tant que la route est bonne, on est à peine secoué, juste comme dans le wagon d’un train.

Les 80 kms jusqu’à Mirjaveh et le poste frontière passent vite, et nous devons bientôt tous descendre pour  commencer les formalités. A peine 9h, mais déjà le soleil cogne dur. Petites photos dans le bureau d’Hamid, en compagnie de Taraj, venue d’Ukraine sur sa moto et avec qui nous allons vraisemblablement passer la frontière. Puis ce sera une succession de bureaux pour la vérification des passeports, du carnet de passage, le tout ponctué d’assez peu d’attente. On gagne un temps fou dans la longue queue de poids lourds grâce à Hamid, à qui on dit au revoir un peu avant midi.

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Enfin nos 6 roues et 10 pieds foulent pour la première fois le sol pakistanais !

Les formalités iront assez vite de ce côté, et encore plus pour le carnet de passage puisqu’il n’y aura même pas d’inspection du camion…On hallucine un peu, mais au moins cette fois, la moto n’attirera pas les regards et les questions.

Changement de langue (l’anglais est plus présent), d’accent, de  style vestimentaire (quasiment tous les hommes portent la tenue traditionnelle chemise manches longues et pantalon ample et les femmes…il n’y en quasiment pas), de sens de circulation, et de style décoratif pour les camions !

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Il est 13h passées quand on arrive au poste de police de Taftan, où on apprend que le départ est pour le lendemain, l’heure étant déjà trop avancée pour obtenir une escorte qui nous permette d’arriver à Dalbandin avant 17h. Tant mieux, ça fera moins de route pour la journée, et on pourra se poser, et manger (discrètement car c’est le Ramadan, très suivi ici).

***

Aïe, ça pique un peu au réveil, l’escorte vient toquer au camion à 07h au lieu des 08h annoncés la veille. On ne traîne pas pour préparer tout le monde, et se mettre en route avec Taraj derrière le pick-up et ses deux policiers armés. Premier check-point quelques kilomètres plus loin, ça prend un peu de temps car ils relèvent à la main toutes les informations des passeports, et prennent des photos d’identité. La route plate, assez monotone (à part quelques villages) et pas toujours en très bon état, s’étire entre une voie ferrée 500 m à droite et les montagnes marquant au loin la frontière avec l’Afghanistan à gauche, et c’est au bout de plus d’une dizaine de check-points et de relais d’escortes (tous sympas même si on les sent fatigués par le jeûne du Ramadan),  que nous arrivons à Dalbandin, près de 300 kms plus loin.

Conduits dans un hôtel situé dans une rue étroite, on ne coupera pas aux câbles bas et à la manœuvre très tendue pour rentrer Arty dans la cour de ce qui semble être le seul endroit de la ville qui puisse accueillir des étrangers. On peut enfin se poser pour manger et se détendre, sous la garde de policiers, en attendant une nouvelle longue journée de route le lendemain.

 ***

Décidément, c’est une habitude ! Nouveau réveil plus tôt qu’annoncé, nouveau départ un peu en rush, nouvelle manœuvre (un peu plus simple) pour sortir Arty, avant de suivre l’escorte et Taraj dans les rues de la ville. Dépaysement total : mobylettes chargées de 1 à x personnes, rickshaw (tuk tuk) à gogo, camions à casquettes tous plus décorés les uns que les autres avec des chargements souvent surdimensionnés, charrettes tirées par des ânes, premières petites montagnes de détritus dans des eaux croupies sur le bas-côté de la route…

On ne passe pas inaperçus dans le paysage, mais évidemment pas le temps ni le droit de s’arrêter, nous sortons assez rapidement des « faubourgs » pour retrouver une route plus calme. Les check-points et les escortes s’enchaînent de façon plus fluide que la veille, entre pick-ups, mobylettes, et même policier sans véhicule dans notre cabine, avant d’atteindre la périphérie de Quetta, principale ville de la province du Baloutchistan pakistanais.

Ça cafouille un peu avant de savoir vers où nous emmener, mais c’est bien au Bloom Star Hotel que nous sommes conduits par des policiers toujours bien armés et même cagoulés. Nous y arrivons au bout d’un trajet dans la circulation dense de la ville (là encore, tous les regards suivent notre convoi), ce qui nous permettra d’expérimenter un conduite moins stressante qu’en Iran : malgré la confusion, les klaxons ininterrompus (dont ceux très drôles des camions), ils ont beaucoup moins tendance à forcer le passage !

Pas de problème pour Taraj et sa moto, par contre, nous somme retoqués à l’entrée de l’hôtel : trop haut pour passer le porche. Plan B juste pour nous, la station de police où vivent aussi leurs familles : petites maisons, immense terrain de cricket et…quelques biquettes sur une petite décharge. Pas très sain, mais au moins, on aura de la place.

C’est donc dans ce décor pas très fun, mais au moins dans un pays différent, qu’Edrian soufflera une bougie de plus avec des crêpes (heureusement qu’on a anticipé, car ce n’est pas encore là qu’on pourra aller faire le tour des bakeries !)

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Une grosse partie de la journée suivante sera remplie par les démarches pour obtenir la fameuse NOC (Non Objection Certificate), qui nous permettra d’obtenir une escorte pour quitter Quetta et le Baloutchistan. On rejoindra finalement Loïc parti seul la matin (sous escorte bien sûr) dans une succession de bureaux de qui semble être le Foreign Office, en compagnie de Taraj et d’un touriste japonais en route vers l’Iran (anecdote : habillé en tenue locale pour ne pas être confondu avec un touriste chinois, apparemment pas très appréciés et pouvant être une cible dans cette ville tristement agitée, et où a priori il y a eu une explosion meurtrière la veille). Après 3 bonnes heures à observer de beaux exemples d’inefficacité bureaucratique, nous aurons enfin le sésame ! Par contre, pas de départ avant le lendemain, le temps d’organiser les escortes.

Retour au campement à l’arrière d’un pick-up aux côtés d’hommes armés, depuis lequel on peut voir les innombrables types de véhicules, avec en number one bien sûr les mobylettes, à l’arrière desquelles apparaissent parfois les formes discrètes des femmes avec de longs châles plus ou moins colorés ou niqab ne laissant entrevoir que leurs yeux.

Nos petits voisins rencontrés le matin, un groupe d’enfants et d’ados habitant le campement, nous attendent avec impatience. C’est parti pour une après-midi très cool : courses à vélo, petites discussions avec ceux qui se débrouillent en anglais comme porte-parole, match de badminton, et bien sûr photos pour immortaliser leurs traits fins (sans doute les plus beaux visages vus depuis notre départ), avec opération impression des clichés à la fin (franc succès encore une fois) ! On rencontre quelques papas, par contre, pas de trace des épouses et mères qui restent derrière les murs des maisons…

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Après cette pause, notre petit convoi escorté est de retour sur le bitume, à croiser camions tunés, minibus surchargés avec bonhommes sur le toit. Ntyalé n’est pas très en forme mais tient le coup, entre les check-points, les portions de route de petites montagnes (qui changeront un peu du plat désertique), et les paysages plus tropicaux : grands arbres, un peu plus d’humidité, champs, bovins noirs cornus bien costauds et typiques du sous-continent se rafraîchissant dans les eaux boueuses des cours d’eau.

Ça y est, on quitte le Baloutchistan, entrée dans la province du Sindh, bientôt plus d’escorte normalement. Ah ben non, on continue jusqu’à Jacobabad, où après un petit flottement, nous sommes à nouveau conduit au quartier de la police, à l’issue d’un parcours improbable dans le nuit au milieu de décharges sauvages. L’accueil est très sympa et comme toujours les policiers essaient de nous faciliter la vie, mais l’endroit est beaucoup moins calme qu’à Quetta et un attroupement d’enfants et d’adultes curieux se forme à notre arrivée. C’en est trop pour Taraj après cette journée interminable de route, qui décide de pousser jusqu’à Sukkur où il est plus sûr de trouver un hôtel. Un peu plus protégés à l’intérieur d’Arty, on pourra passer une soirée au calme malgré les couche-tard du quartier !

***

Le réveil en revanche est matinal et moins sympa : cris et coups sur le camion par les enfants surexcités. On est obligé de s’énerver, dommage, et c’est assez soulagés (d’autant que Ntyalé n’est toujours pas au top) qu’on quitte les lieux, toujours avec nos « Levies », 2h plus tard.

Pas très clair cette histoire d’escorte, on est censé être passés en zone « safe », mais ils ne semblent pas vouloir nous lâcher… Et pourtant, avec un visa de tourisme de 30 jours, on a bien l’intention de visiter un peu quand même ! Il va sans doute falloir y aller doucement pour leur faire comprendre… Après une petite matinée de route, 50km après Sukkur, on s’attend à voir un nouveau pick-up prendre le relais…eh bien non, il semblerait bien qu’on soit libres de rouler ! Pour combien de temps ? A suivre…

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