Deux options se présentent le lendemain pour rejoindre Tabriz, nous choisissons le chemin le plus court, 150 km d’un trajet pas du tout en ligne droite. Nous ne croisons pas grand monde sur la route, et les habitants des villages traversés plutôt à l’intérieur, ce qui se comprend vu les petits flocons de neige qui commencent à tomber. Nous croisons un petit groupe de villageois à la sortie d’une bourgade, qui nous indique que la route est coupée par la neige un peu plus loin. Bon, et bien demi-tour obligatoire vers la bifurcation pour rejoindre Tabriz via Vazargan (ou Vazerkhan suivant les panneaux), un moindre mal qui nous évite de rebrousser chemin jusqu’à Jolfa.
C’est en redemandant notre chemin plusieurs kilomètres plus loin avant une nouvelle bifurcation, que nous ferons la connaissance de Karim et son frère, qui nous invitent très gentiment à prendre le thé. Nous nous retrouvons donc assis sur les tapis de la pièce principale, à faire la connaissance de leurs épouses, enfants et de la grand-mère. Pas évident de communiquer car ils ne parlent pas un mot d’anglais, mais on arrive à se comprendre un peu, et à parler de notre voyage, bien loin d’un quotidien qu’on comprend moins facile pour eux. Nous avons même droit à une initiation au tissage de tapisserie avec le métier à tisser qui occupe l’un des murs de la modeste maison, et prenons bien sûr des photos souvenirs, qu’ils auront la surprise d’avoir sur papier glacé quelques instants plus tard (très bonne idée de Loïc cette petite imprimante)!
Nous les quittons, ravis de cette première expérience de l’hospitalité iranienne, et seront même escortés par Karim jusqu’à la bifurcation vers Tabriz, où nous arrivons dans la soirée.
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La découverte d’un des plus grands bazars d’Iran et du monde, classé à l’Unesco, se fera en compagnie d’Oliver et Dagmar, venus d’Allemagne, et rencontrés sur le parking qui nous sert de bivouac. Et en partie en compagnie d’Hossein, qui s’est imposé comme guide, et dont on se séparera un peu plus tard. Quartiers des tissus, des bijoux, des vêtements, des épices et fruits secs,…on se perd on peu mais trop dans cet immense dédale animé, en faisant attention aux chariots (voire petites mobylettes) qui déboulent à chaque coin de rue. On sent les regards curieux sur la famille aux couleurs pas très locales que nous formons, quelques-uns franchissent le pas pour nous aborder, ravis d’échanger quelques mots d’anglais, les commerçants nous interpellent : “Where are you from? Oh France? Welcome to Iran!”.
Après quelques emplettes, c’est le retour un peu galère sous de belles chutes de neige, et en bus, où nous avons quand même un petit choc en expérimentant pour la première fois les sections séparées hommes-femmes.
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Prochaine grande étape : Rasht, près des côtes de la mer Caspienne, où nous attend la deuxième session artistique pour Arty, prévue 3 jours plus tard. Nous prenons donc le temps de faire une grosse virgule vers le sud-ouest pour aller voir le Takht-e Soleimane. Sur la carte ça paraît à côté, mais aucun détour n’est anodin ici : c’est parti pour 300 km. Nous longeons de loin une partie de l’énorme lac salé d’Orumiyeh, avant de descendre vers Manoibad entre belles montagnes et petites villes à la circulation dense et pénible.
Après être passés devant 2-3 bourgades sous la neige et comme coupées du monde, nous trouvons enfin une voie dégagée à l’entrée d’un village. Il est plus 21h, et pourtant Khalid, à qui nous avons demandé notre chemin, n’hésite pas à nous inviter chez lui! Dans la grande pièce de vie au sol recouvert de très beaux tapis persans et une grande cuisine ouverte, nous serons vite rejoints par la famille de son frère qui habite de l’autre côte de la rue (on comprend que sa famille vit à Téhéran et que lui-même est routier). Les enfants jouent et s’initient à l’écriture farsi, et on prend le repas tous ensemble ; pas d’anglais non plus, mais le langage corporel fonctionne bien, avec Google Translator en appui. Nous finirions par un dernier thé avec dattes, oranges et pommes frais, chez son frère. Incroyable hopistalité qui va même jusqu’à nous proposer le gîte pour la nuit! Nous déclinons, le plus poliment possible, ne voulant pas abuser de leur gentillesse (vision sans doute très occidentale).
Mais ce n’est qu’un au revoir d’une nuit : rendez-vous est pris le lendemain pour essayer d’aller à la rencontre de la classe de 6e-5e de l’aîné des enfants, Kian!
Ping : 12/02 au 14/02/19 – Vallée de l’Araxe – Les Pourquoi Pas