Le passage au garage semble avoir fait du bien à notre bonne vieille tortue, et ça fait bien plaisir d’avancer à une allure normale. Sur la route, nous sommes dépassés par…le Westfalia orange et et beige! Revoilà Sarah et Matthieu, qui prévoient comme nous un passage par Kars avant la frontière.
Notre petit convoi ira se poser près du château, avec une vue plongeante sur la ville qui s’endort dans un air glacial et les fumées de chauffage au bois.
Feu de camp, discussions, visite des ruines enneigées du château, très jolies avec leur éclairage nocturne, puis nous rentrons nous remettre au chaud. -10°C annoncées cette nuit…qui sera bonne malgré les fêtards venus prolonger leur soirée, les enceintes de leur voiture au volume max.
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Au bout d’une route étonnamment bonne malgré ses airs de bout du monde, c’est l’arrivée au petit village d’Ani, adossé aux ruines fantômes du même nom. Le site est impressionnant : vestiges d’églises, de mosquée, pont en fond de canyon, montagnes enneigées à l’horizon, le tout disséminé sur ces milliers d’hectares. C’est tout simplement magnifique, surtout lorsque les rayons du soleil se montrent.
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Après cette belle journée, et une nuit en pleine nature près de Tuzluca pour préparer le passage de frontière (carnet de passage, trajet, connexions internet, change,…), nous voilà à Dogubayazit. La nuit se passera près du palais d’Ishak Pasha, sur les hauteurs de la ville. La météo annonce grand beau et froid pour demain, ça devrait être top.
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Sans faute : combinaisons et lunettes de soleil sont à nouveau de sortie pour profiter du panorama et de la neige sous un solei éclatant. Nos dernières heures sont à l’image des super moments que nous avons vécus pendant plus d’un mois : çay offert par Adam qui tient le magasin de souvenirs, bonne humeur, et photos avec les visiteurs bravant le froid.
Cerise sur le gâteau sur le chemin vers le poste frontière de Gürbulak : le mont Ararat, point culminant du pays qui trône et nous nargue du haut de ses 5137 m.
Premier passage de frontière qui s’annonce un peu plus “exotique” : longue file de poids lourds que nous dépassons, no man’s land d’une centaine de mètres traversée par des piétons. Pour nous, il y aura 3 contrôles côté turc, avec un dernier change de lires et de quelques USD en millions de rials iraniens, avant d’être séparés : Loïc se dirige avec le camion vers la file x-ray, pendant que je traverse à pied (un peu moins que les 100 m quand même!) avec les enfants. Oups, j’ai oublié mon écharpe, on se contentera de la capuche du manteau relevée au moment de passer le contrôle de passeports côte iranien. Pas de soucis, il ne nous reste plus qu’à attendre et croiser les doigts.
Loïc réapparaît une bonne heure et demie plus tard, tout semble s’être bien passé. Tiens, l’iranien qui discutait avec nous un peu plus tôt est avec lui : sans doute un “facilitateur”, presque incontournable pour les formalités du carnet de passage.
Nous avons l’autorisation de retourner dans le camion, mais ce n’est pas tout à fait terminé : le voilà qui nous propose un taux de change 2 fois plus intéressant que du côté turc, et donc étonnament plus élevé que le taux bancaire officiel. Ne nous leurrons pas, les taux de change aux frontières sont rarement les plus intéressants, ça sent le gros marché noir, et on ne lâche quelques dollars. Ah, pas suffisant on dirait : ils cherchent la petite bête en reprenant l’inspection du camion, et la trouvent facilement avec la moto qui n’a pas (volontairement) de carnet de passage. Un moindre mal, on passe avec quelques USD supplémentaires laissés au soi-disant responsable douanier.
Avec tout ça, on oublierait presque que les panneaux et enseignes sont maintenant en Farsi, et nous qui commencions à peine à digérer quelques rudiments de turc, n’y comprenons plus grand’chose : welcome to IRAN!